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mercredi 13 avril 2016

Au MAC à Hornu (Mons), peintures pour tous

Hommage à Jacques Charlier
Au Grand Hornu jusqu'au 22 mai 2016


Peinture indéchiffrable, acrylique sur toile datée de 2014


À l'invitation du MAC's de lui consacrer une importante exposition, Jacques Charlier répond ironiquement par ce slogan publicitaire : peintures pour tous !
« peintures italiennes », « peintures fractales », « peintures inqualifiables » sont les titres phares de cette exposition en forme de juke-box. Le but? En faire voir de toutes les couleurs à la peinture, et échapper par cet 'éclectisme radical' au marché qui réclame aux artistes toujours les mêmes 'tubes'. Une méthode? La caricature et le pastiche qu'il administre de main de maître au monde de l'art, comme une fessée. Sa devise? Qui aime bien châtie bien ; car la peinture passionne Charlier autant qu'elle le désenchante.

Cette exposition est un bel hommage monographique à un des grands artistes belges historiques contemporains. Elle réunit une cinquantaine de peintures récentes, quelques caricatures et une vidéo des années 1970 ainsi qu'une installation inédite produite par le MAC's à découvrir dans la salle carrée. Il s'agit d'une chambre d'illusion d'optique, inspirée de celle qu'inventa l'ophtalmologue américain Adelbert Ames en 1946, que Jacques Charlier a fait produire par le Musée pour y exposer des tableaux. Avec cette installation qui tient de l'attraction foraine, Jacques Charlier émet l'hypothèse que l'histoire de l'art reposerait sur un système d'illusion. Pour lui, le monde de l'art nous forcerait à observer l'actualité artistique selon une perspective forcée qui déformerait la réalité et donc l'art véritable. De son point de vue critique, un artiste ne serait pas nécessairement « grand » parce que sa cote est haute sur le marché ou sa popularité élevée dans les médias. C'est ce mirage, cette manipulation, voire ce « complot » disent certains détracteurs de l'art contemporain, que le peintre- truqueur s'applique avec sa chambre d'Ames à déconstruire pour rééduquer notre regard.
Jacques Charlier débute sa carrière à l'aube des sixties en s'inscrivant d'emblée dans les grands mouvements des années 1960, dont le Pop Art. Avec son comparse Marcel Broodthaers, héritier du surréalisme, de 15 ans son aîné, il pratique l'avant-garde américaine déferlant dans les galeries parisiennes en l'adaptant à l'identité belge. Jacques Charlier y réagit de manière conceptuelle et analytique. Avec Broodthaers, il fréquente les galeries belges les plus en vue, imprégnées d'art minimal et conceptuel. Il y croise Kosuth, Toroni et Buren, avec qui il se lie d'amitié. Dès 1975, Charlier continue sa carrière en cavalier seul. Il rencontre le jeune commissaire d'exposition Jan Hoet avec qui il collabore durant toute sa carrière. Charlier participe en 1986 à la légendaire exposition Chambre d'amis à Gant, où sa « Chambre d'ennemis » est une des installations les plus remarquées. Les oeuvres de Charlier sont présentes dans les musées d'Ostende, au Smak ou au Muhka, ainsi qu'en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Il comptera également parmi les artistes belges invités à Herford dans le musée dirigé par ce célèbre curateur flamand et sera présent dans sa dernière exposition présentée à Geel peu avant sa mort.

Le parcours de Charlier revisite l'histoire de l'art en étant en permanence à la pointe de toutes formes d'émergence de la création actuelle, tous médias confondus. Rapidement, Charlier se positionne comme un artiste de la critique institutionnelle, interrogeant avec humour noir et maints détournements le système de l'art. Boulimique, il s'approprie tous les medias : la peinture, la caricature, la photographie, l'écriture, la BD, la sculpture, la chanson, la vidéo, l'installation... Il se met en scène en personnage flamboyant et joue avec les codes de la publicité et des medias.
Fan de Warhol, il réalise, « à la manière de », le portrait sérigraphié de Plastic Bertrand à qui la star américaine avait promis de réaliser son portrait. Jacques Charlier est à la fois un artiste belge par excellence et un inclassable expérimentateur, toujours à l'avant-garde, sans temps ni frontières.
Fractal peinture, acrylique sur toile de 2012, photo Laurence Charlier

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