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Contrairement aux propos de son représentant assistant
pour la première fois depuis quatre ans au Conseil d’administration du Musée de
la Photographie le 29 mars dernier, qui indiquait souhaiter l’apaisement et le
dialogue sur le dossier de la gratuité des Musées, Madame la Ministre Laanan
poursuit sur sa lancée, répétant le 17 avril 2012 à Mesdames les Députés Salvi
et Schepmans que mes propos relayés par la presse l’ont
«choquée».
L’on a les indignations que l’on veut et je ne peux pour
ma part que constater que Madame la Ministre est plus indignée de mes propos que
de ceux, par exemple, de Monsieur Philippe Moureaux à l’endroit de la
RTBF.
Plus encore, Madame Laanan semble considérer que la
Fédération Wallonie-Bruxelles ayant «mis dans mes mains un bijou» comme le musée
dont j’ai la charge (merci Notre Bonne Dame, avais-je donc pris congé durant les
six années de conception et de chantier de l’extension du Musée ?), cela ne me
donnerait d’autre droit que celui de me taire et d’acquiescer à ses mesures,
conception très démocratique l’on en jugera, guère étonnante d’ailleurs quand en
ses réponses les termes «imposer», «contraindre», «plier» reviennent une fois de
plus comme un leitmotiv.
Je propose donc très aimablement à Madame la Ministre de
la Culture de me reprendre ce bijou déposé dans mes paumes ouvertes et
d’expliquer à celui ou celle qui me suivra comment chauffer, éclairer,
entretenir, conserver et exposer dans un musée de 6.000 m², employant 34
personnes, avec une subvention annuelle de 530.000 € (contre 495 000 € au Centre
de la Gravure,
2 094 000 € au Mac’s, 880 000 € à Mons 2015 : il convient de comparer ce
qui est comparable).
Si le budget du Musée de la Photographie est en effet
passé de 331 000 € en 2005 à 530 000 € en 2011, cette augmentation est loin de
couvrir l’ensemble des frais liés à l’exploitation du musée. Ceux-ci ont été
chiffrés précisément dans un document transmis à plusieurs reprises au cabinet
de la Ministre entre 2007 et fin 2010. Cette étude de coûts chiffrait
l’augmentation nécessaire à 306 000 € venant s’ajouter aux 388 000 € prévus par
la subvention au moment de la première demande, soit en
2007.
Les augmentations entre 2007 et 2011 n’ont donc pas tenu
compte de cette évaluation et 164 000 € font toujours
défaut.
Je constate donc bien amèrement que la culture, et
particulièrement le domaine des musées, ne représente toujours pas une priorité
en Communauté française quand partout ailleurs fleurissent les initiatives
privées, fondations, foires, événements, laissant chaque fois moins de latitude
aux institutions publiques. Sans même envisager l’assouplissement, l’adaptation
ou le différé de ses mesures en période de crise, sans proposer la moindre
alternative, Madame la Ministre frappe par deux fois les musées, en limitant
leurs subventions et en les privant de recettes nécessaires à leur équilibre
budgétaire, contribuant par des mesures populistes et hâtives à leur
fragilisation.
Toutes les jongleries de chiffres de Madame Laanan ne
pourront masquer cette réalité : les budgets culturels, outre leur insuffisance,
continuent d’être l’objet d’un saupoudrage, dans une répartition régionale
inéquitable, sans tenir compte des véritables besoins de nos
institutions.
À quand un(e) Ministre de la culture à temps plein en
Communauté française ?
Xavier Canonne,
Directeur
5 mai 2012
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