En décembre 2020, à Paris, l’UNESCO a estimé que l’Art
musical des Sonneurs de Trompe (une technique instrumentale liée au
chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et
à la convivialité) méritait de figurer sur la liste représentative du
patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Les ministres Bénédicte
Linard et Jan Jambon, compétents respectivement pour la Culture en
Fédération Wallonie-Bruxelles et en Communauté flamande, se réjouissent
de cette bonne nouvelle.
Selon la Convention UNESCO
de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, celui-ci
englobe les traditions héritées de nos ancêtres et toujours pratiquées
grâce à la transmission de génération en génération (arts du spectacle,
pratiques sociales, rituels, événements festifs, savoir-faire
artisanal…). Ce patrimoine est représentatif d’une identité et d’une
grande diversité culturelle.
Le dossier de demande de
reconnaissance a été introduit par la France au nom de quatre pays
associés à savoir la Belgique, le Luxembourg, l’Italie et la France.
Cette demande a été soutenue par plusieurs partenaires tels que la
Fédération Internationale des Trompes de France, la Fédération des
Trompes du Benelux, des ONG spécialisées (comme CEMPER en Communauté
flamande) ainsi que la communauté des sonneurs de trompe. L’évaluation
du dossier, qui prévoit une procédure de sélection très stricte, a duré
un an et demi.
Le comité d’évaluation de la Convention
a particulièrement apprécié les mesures de sauvegarde entourant l’art
musical des sonneurs comme le développement de l’offre de formations, de
stages et de concours internationaux. La notion de partage et
l’enrichissement des répertoires ainsi que la réelle démocratisation de
la pratique, qui permet à chacun sans distinction de niveau
d’instruction, de milieu socio-culturel, de genre ou d’âge de jouer de
la trompe et de participer à sa valorisation en Belgique, ont également
été salués. Enfin, le comité a apprécié la sensibilisation à
l’environnement qu’inclut cette pratique ; celle-ci est renforcée par
les cérémonies et les concerts en plein air qui favorisent le lien avec
la nature et la beauté des paysages.
Cette reconnaissance est un encouragement moral important pour l’Art
musical des Sonneurs de Trompe dans notre pays et une récompense pour
toutes celles et tous ceux qui s’impliquent en Flandre et en Wallonie,
afin de garder en vie cette riche culture musicale.
L’Art musical des Sonneurs de Trompe
Les
musiciens de la trompe s'appellent des « sonneurs » et sont nombreux en Belgique. À ce jour, la Fédération des Trompes du Benelux (FTB),
fondée en 1975, compte 14 groupes en Wallonie et à Bruxelles, et 8 en
Flandre. Certains groupes de sonneurs sont plus que centenaires. Une
dizaine d’écoles permettent de s’initier à cette pratique ancestrale et
donne aux formateurs l’occasion de partager leur passion.
L’instrument
est pratiqué en soliste ou en groupe. Il donne sa pleine mesure et est
apprécié du public lorsque plusieurs exécutants assurent l'harmonisation
d'une mélodie. L’art des sonneurs s’exprime dans le cadre de concerts
et de manifestations festives populaires (fêtes de la nature et de
Saint-Hubert, fête de la Musique, kermesses, spectacles son et lumière,
offices religieux…) ou en privé. Lors des fêtes de villages, la présence
de groupes de trompe rappelle l’attachement à la vie rurale. Tout
événement en plein air renforce le lien historique des sonneurs avec la
nature.
Sonner consiste à partager avec le public la
musique, le timbre et le vibrato caractéristiques de l’instrument.
L’ampleur sonore naturelle est d’autant plus exaltée, lorsque les
prestations se font dans des lieux de résonance (forêt, sommet d’une
colline, château, église, grotte…) et offre ainsi une émotion forte aux
auditeurs. La sonnerie de trompe est un art ouvert à la créativité et
certaines formations expérimentent des morceaux issus du répertoire pop
ou intègrent des airs de jazz.
Les groupes
accueillent de jeunes sonneurs, dès qu’ils sont en âge de tenir
l’instrument et d’émettre un son. Des instruments sont mis à disposition
afin de faciliter l’accès des plus jeunes et des nouveaux musiciens à
la pratique et en assurer l’attractivité. Les femmes ont également leur
place dans les groupes de trompe depuis le milieu du 19e siècle ; le
premier concours de trompe solo des Dames remonte à 1951. La plupart des
groupes actuels comptent, au moins, une sonneuse dans leurs rangs et de
plus en plus de femmes s’intéressent à la pratique. En 2016, la Société
des disciples de Saint-Hubert, à Namur, comptait 4 femmes sur 17
membres et son école recensait 10 femmes sur 36 élèves inscrits.
En
Belgique et au Luxembourg, où la chasse à courre est interdite sur le
territoire national, la pratique musicale de la trompe est
particulièrement dynamique et connaît un nombre croissant de nouveaux
sonneurs, qui pratiquent leur art et leur passion en toute indépendance
par rapport à cette pratique. De très nombreuses journées de
sensibilisation et de concours de musique de trompe sont organisées en
plein air entre les mois de mai et d'août, hors saison de chasse.
«
L’Art musical des Sonneurs de Trompe fait partie de notre patrimoine
culturel historique. La pratique de la trompe et l’instrument lui-même
ont en effet des origines particulièrement anciennes. Cet art, qui
s’épanouit désormais en dehors du monde de la chasse à courre, participe
à la diversité et à la richesse du monde musical de notre pays. Je me
réjouis donc de sa reconnaissance par l’Unesco en tant que patrimoine
culturel immatériel » commente Bénédicte Linard, ministre de la Culture.
Ce lien permet de visualiser le film officiel de présentation du dossier Unesco