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vendredi 26 mars 2021

Bruxelles, "Les Orages" et les 50 ans de l'ISELP

Pensée en diptyque avec Inspire, qui ouvrait cette saison anniversaire, l’exposition Les Orages questionne la notion de temps et de sa subjectivité en interrogeant le bouillonnement créatif qui précède l’instant crucial du bouleversement. Ouvert du 23 avril au 19 juin 2021.
 
Conçues avant le début de la pandémie pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'I
nstitut supérieur pour l’étude du langage plastique (ISELP) à Bruxelles, ces deux expositions résonnent aujourd’hui d’une manière bien particulière. Inspire interrogeait le temps qui passe et la manière que peuvent avoir les artistes d’en saisir pleinement l’intensité. En écho, Les Orages convoque la sensation d’urgence. L’exposition évoque le climat de crainte et d'espoir qui est le nôtre aujourd'hui. Peur de l'effondrement, espoir du soulèvement : l'un et l'autre mêlés seraient les forces aimantant notre rapport au temps. Dans cette expectative règne la torpeur moite de l'attente de l'orage...
 
C’est précisément ce que l’on retrouve dans les installations de Gwendoline Robin, qui présente ici une version enrichie de Cratère 6899 : image d’un volcan en attente d’éruption au sol; tubes en verre suspendus chargés d’une poudre explosive comme paysage aérien. L’installation sera activée le 6 mai à l’occasion d’une performance publique. Face au cratère, une installation inédite de Jonathan Sullam croise une image des débris des Twin Towers au lendemain du 11 septembre 2001 avec une photographie d’une déflagration lors d’un bombardement de la ville d’Alep. 
 
Une large place sera accordée aux vidéos. Avec le travail de montage intitulé Der Döppelganger, Bernard Gigounon convoque la figure du double en associant plusieurs acteurs de cinéma dans l’acte conjoint du tir et de la mort, chaque acteur devenant ainsi son propre meurtrier. Du même artiste, De loin parallèle chorégraphie une partition de sons et de gestes aussi simples que libérateurs (des lancers de pierres sur une surface d’eau). Dans la vidéo de Mounir Fatmi, History is not mine, la musicalité créée par des marteaux tapant sur une machine à écrire a également une grande importance. Todesfuge, installation vidéo de Michel Lorand, met en parallèle des images d’archives d’événements violents, mêlant témoignages d’époque et plans fixes d’aujourd’hui, pour faire résonner l’écho d’un vacarme enfoui. Lui répond un extrait du film Le territoire des autres (François Bel, Michel Fano, Gérard Vienne) dont Orson Welles disait : « Tous ceux qui le verront seront touchés et y trouveront la présence d’une magie. » D’autres installations plastiques seront présentées, dont plusieurs peintures et dessins d’Obi Okigbo, une impressionnante collection de plus de 200 matraques reproduites au tour à bois par Cathy Coëz et une sculpture suspendue en équilibre instable, de Simon Deppierraz.
 
En écho à l’exposition, pour en enrichir et en nuancer la perception, une série d’entrevues seront éditées sur le soundcloud de l’ISELP. Christian Ruby y fera état de ses recherches sur le cri (Le Cri, La Lettre Volée, Bruxelles, 2020). Joëlle Zask analysera les catastrophes des feux de forêts et ce qu’ils disent de notre rapport à la nature (Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe, Premier Parallèle, Paris, 2019). Rosanna Gangemi évoquera l’imaginaire survivaliste à partir d’une analyse du livre Le Mur Invisible de Marlen Haushofer (1963), écrivaine faisant l’objet d’un projet de thèse de doctorat. Pierre Arese contextualisera la révolte de la scène rock britannique des années 1960-70…
 
Créé en 1970 dans le but d’offrir au grand public un accès à la création contemporaine, L’institut supérieur pour l’étude du langage plastique commence par proposer des conférences et des rencontres avec les artistes avant d’investir les écuries du Palais d’Egmont, en 1974, développant alors une politique d’expositions sur les sujets les plus novateurs de la création. 


Commissaire de cette exposition, Laurent Courtens est historien de l’art, critique d’art et curateur, en charge du Centre de la Parole de l’ISELP. Il s’intéresse particulièrement aux articulations entre art et mouvement social.

Informations pratiques 

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