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mardi 6 janvier 2015

A Liège Brahms à huit mains

brahms à huit mains : un concerto imaginaire


Deux organistes (Olivier Vernet, Cédric Meckler) et deux pianistes (les sœurs Lafitte) créent une version à huit mains des deux concertos pour piano de Brahms. Du « sur mesure » pour le grand orgue de la Salle Philharmonique, le dimanche 11 janvier à Liège.
Les deux Concertos pour piano de Brahms comptent parmi les plus imposants du répertoire romantique, tant par leurs proportions que par la richesse de leur orchestration. Les organistes Olivier Vernet et Cédric Meckler et les pianistes Florence et Isabelle Lafitte ont eu l’idée d’y apporter un éclairage inattendu, en réalisant une adaptation pour piano à quatre mains et orgue à quatre mains. Cette « transcription », d’après des versions pour piano à 8 mains d’époque (pratique courante au XIXe siècle), permet d’utiliser le potentiel sonore d’un grand orgue pour rendre toute la dimension orchestrale des œuvres. Un résultat d’une richesse de couleurs et d’une puissance expressive jusque-là inégalées.

Ce projet original a donné lieu à un disque (2013), puis à la création en concert d’un « concerto imaginaire » en cinq mouvements, extraits des deux concertos et réagencés en un ensemble cohérent. Le concerto « augmenté » (1h05 de musique) a été donné en juillet dernier à la Cathédrale d’Angers dans le cadre du Festival Le Printemps des Orgues. Il bénéficie, le dimanche 11 janvier à 16 heures à la Salle Philharmonique de Liège, de l’acoustique d’une salle de concert et d’un orgue « de salle » d’époque, le grand orgue Schyven (1888). Aux claviers, les sœurs Lafitte, qui ont consacré toute leur carrière à leur duo de piano et sont déjà venues à Liège à plusieurs reprises ; l’organiste Olivier Vernet connait également la Salle Philharmonique, où il donnait un récital en mars dernier.
Au sujet de l’adaptation :
« Dans les deux disques enregistrés en juin 2013 […], nous avons remplacé le second piano par l’orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale d’Angers, mais avec une disposition inédite : la conjugaison de deux duos de claviers (l’un de piano, l’autre d’orgue). Bien plus que cette simple substitution, la version proposée ici a nécessité un important travail d’adaptation, à dessein d’exploiter au maximum les ressources sonores propres à chacun de ces deux instruments : échange de parties entre l’orgue et le piano en fonction des spécificités d’écritures, réattribution au piano des traits typiquement pianistiques, répartition de certaines basses au pédalier de l’orgue, réorchestration permise par la richesse des registrations possibles…
Mais auparavant, un retour aux sources, par l’analyse minutieuse des partitions d’orchestre, était nécessaire. Pendant plusieurs mois, nous nous sommes livrés à une dissection des deux versions transcrites [par Kirchner et Juon, au XIXe siècle, pour piano à 8 mains], afin de comprendre les choix et les compromis pour lesquels Kirchner et Juon avaient opté. […] La version proposée ici est ainsi plus une re-création de ces œuvres qu’une tentative forcément vaine de mimer les concertos originaux. Même si l’orgue restitue la grandeur orchestrale requise par ces pièces, il ne cherchera pas à en imiter les timbres, et le dialogue concertant, particulièrement dans le Concerto n° 2, n’est pas strictement reconduit. […] » Cédric MECKLER


BRAHMS/KIRCHNER : CONCERTO N° 1 (1858-1859, 1864)
En 1854, Johannes Brahms (21 ans) entreprend les esquisses de ce qu'il pense devenir sa première Symphonie. Peu familiarisé avec l'orchestre, il note d'abord la partition pour deux pianos. Insatisfait, il remodèle son œuvre et la transforme en une Sonate pour deux pianos à quatre mains. Cette sonate est aujourd'hui perdue.

Mais le résultat ne le convainc toujours pas, et il écrit en juin à son ami le violoniste Joseph Joachim : « En fait, même deux pianos ne me suffisent pas ». Ce dernier l'encourage à envisager de nouveau l'orchestration. Brahms intègre alors le piano dans son projet orchestral qui, finalement, se métamorphose en Concerto pour piano et orchestre n° 1 op. 15.
Puisque quatre mains ne suffisent pas, qu'elles soient distribuées sur un piano (dans une réduction voulue par l'éditeur) ou sur deux pianos (dans la sonate initiale), un ami de Brahms, le compositeur, pianiste et organiste allemand Theodor Kirchner (1823-1903), entreprend une transcription pour deux pianos à huit mains de cette œuvre, rendant à Brahms son désir initial de formation pour deux pianos. Mais grâce à la démultiplication des possibilités permises par une répartition sur huit mains et sur deux claviers, cette nouvelle version ne nécessite ni la simplification ni les changements de tessiture requis par le « monstre » édité en 1864, et reste plus fidèle au dialogue concertant voulu par Brahms. Quatre mains ne suffisaient pas, il en fallait huit !


BRAHMS/JUON : CONCERTO N° 2 (1878-1881)

Ce n'est que 22 ans plus tard que Brahms compose son second Concerto pour piano et orchestre n° 2 op. 83, sans conteste l'un de ses chefs-d'œuvre et l'un des plus grands concertos de tout le répertoire. Là encore, Brahms arrange son œuvre pour deux pianos à quatre mains. Et à l'instar de Theodor Kirchner pour l’opus 15, le compositeur Paul Fiodorovitch Juon (1872-1940) transcrit l’opus 83 pour deux pianos à huit mains.

Ces deux transcriptions pour huit mains sont très différentes l’une de l'autre. Si Kirchner fait souvent intervenir conjointement les huit mains dans les tutti, il respecte autant que possible le dialogue concertant, en répartissant la partie soliste au premier piano et les parties orchestrales au second. Juon, quant à lui, dans une démarche plus symphonique et moins concertante, distribue plus volontiers les huit parties indépendamment de leur origine instrumentale. De plus, il ne se contente pas de transcrire le texte de Brahms, il en enrichit le discours par des apports contrapuntiques, y compris dans les parties solistes. Cette réécriture qui dépasse le cadre de la transcription au sens strict, se complète ainsi d’un véritable travail d’arrangement.

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