Une exposition de Latifa Echakhch à Charleroi jusqu'au 3 mai
Musée d'art de la Province de Hainaut à Charleroi, le BPS22 consacre sa prochaine exposition à Latifa Echakhch.![]() |
Photo Fabrice Seixas |
des notions de perte, d'abandon, de trace. Consignant la ruine contemporaine comme objet de culture, Latifa Echakhch la saisit au seuil de sa destruction, juste avant son effondrement et, convoque l'imaginaire face à ce qu'il y a de plus trivial.
Depuis plusieurs années, Latifa Echakhch renouvelle la tradition du paysage romantique et son motif associé : la ruine. L'artiste va au-delà d'une interprétation littérale du mot "ruine" qui ne désigne plus seulement l'édifice en dégradation mais une trace d'occupation : album photos, foulard, verres à thé, miniature de parfum, petits soldats de plomb, etc. Par le langage pictural minimaliste, le sens aigu des formes et l'économie de moyens qui caractérisent son travail, elle intègre, à ses installations, ces objets du quotidien choisis pour leur caractère facilement identifiable. Ces objets sont souvent vidés, décomposés, découpés ou trempés dans un bain d'encre noire. Attachée à l'idée de nature morte, Latifa Echakhch dit qu'elle "tue" l'objet. Elle le "ruine", poussant dans l'oubli ce qu'il était pour rendre possible une lecture différente et forcer la mémoire à lui donner sens. Les ruines de Latifa Echakhch jouent donc le rôle de memento mori du capitalisme : ces objets disparates sont tous reliés par une mme obsolescence. Ce sont des restes dépossédés, arrachés à leurs contextes respectifs. Là où la ruine antique associe ruine et pérennité, l'artiste articule ruine et disparition.
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Photo Leslie Artamonow |
Si le travail de Latifa Echakhch est souvent défini comme romantique et poétique, c'est un autre genre de romantisme qui est présenté ici. "Peut-tre un romantisme qui revient à ses racines, quand l'ère industrielle a commencé à envahir le monde et que les artistes ont commencé à remettre en question l'historicité, la croyance aveugle au progrès, la mélancolie", explique-t-elle. Latifa Echakhch invite le visiteur, témoin de ce déplacement, à se promener dans ses ruines contemporaines faites d'objets et de quotidien à foison.
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