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mardi 4 février 2020

Juifs et super héros dans les Comics américains

A Bruxelles, le Musée Juif de Belgique présente  Superheroes Never Die. Comics and Jewish Memories jusqu'au 26 avril  2020. Organisée en partenariat avec le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris et le Joods Historisch Museum d’Amsterdam, cette exposition a été actualisée pour l’occasion par Bruno Benvindo et Karim Tall. 

 

Peu de gens le savent, mais de nombreux créateurs de super-héros nés au 20e siècle sont juifs. The Avengers, Superman, Captain America ou encore Spider-Man ont été imaginés par des auteurs et dessinateurs dont les familles avaient récemment immigré aux États-Unis. À travers plus de 200 œuvres, le public découvre comment la bande dessinée américaine s’entremêle, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, aux tumultes de l’Histoire.


Après avoir vu le jour au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris, et voyagé partout de l’Europe au Brésil en passant par l’Australie, l’exposition Superheroes Never Die. Comics and Jewish Memories arrive enfin en Belgique dans une version revue et actualisée. Elle retrace en cinq volets chronologiques l’histoire de la bande dessinée américaine, depuis les « comics strips » publiés dans la presse au début du 20e siècle jusqu’aux bandes dessinées contemporaines, avec comme fils rouges les super-héros de Marvel et DC Comics, mais aussi la scène underground de l’après-guerre et les romans graphiques. De nombreuses planches originales sont présentées, notamment celles des X-Men et de Captain America, que l’on doit au « king of comics » Jack Kirby, sans oublier des œuvres uniques de Will Eisner ou Art Spiegelman. 


Fuyant l’oppression et les pogroms, à la poursuite du rêve américain, une première génération d’immigrés juifs débarquent à New York au début du 20e siècle, et expriment le choc des cultures et leurs difficultés à s’intégrer dans des cartoons publiés dans la presse. Après la grande dépression de 1929 et face à la montée du fascisme en Europe, une seconde génération d’immigrés juifs, si soucieux de s’intégrer qu’ils dissimulent souvent leurs patronymes aux consonances étrangères, se fascine pour l’univers naissant des comic books. C’est à ce moment qu’apparaissent les premiers super-héros. En 1938, sous la plume de Jerry Siegel et Joe Shuster, Superman fait sa première apparition dans Action Comics.

Une partie de l’exposition est consacrée à Will Eisner, créateur du Spirit mais aussi auteur de ce qu’on considère aujourd’hui comme le premier roman graphique : A contract with God. Dans une grande liberté, Eisner entremêle textes et images, sortant du canevas de la bande dessinée classique : il n’est plus question de super-héros, mais bien de la vie quotidienne des Juifs à New York. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la scène underground se développe, marquée par un engagement politique fort et une volonté plus grande des auteurs de questionner leur judéité. La bande dessinée acquiert ses lettres de noblesse, devient un art à part entière, non plus réservé uniquement à la jeunesse. Citons évidemment Maus de Art Spiegelman, qui aborde le thème de la Shoah et reçoit le Prix Pulitzer en 1992, événement sans précédent pour une bande dessinée.

Superheroes Never Die. Comics and Jewish Memories se termine sur la place toujours grandissante des super-héros dans nos cultures contemporaines. Les causes qu’ils défendent ont changé, pour s’ouvrir aujourd’hui aux inégalités de genre, d’ethnie ou d’orientation sexuelle. Mais les questions d’identité et d’émancipation, déjà abordées dans les années 1930, y restent bien présentes. Ces figures archétypales sont désormais moquées dans la bande dessinée elle-même, à l’instar des satires aussi sombres qu’hilarantes de Rick Veitch qui quitte DC Comics pour éviter la censure. Jusque dans cette veine parodique, le constat demeure pourtant implacable : une société en crise a besoin de super-héros.


Produite en partenariat avec le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris et le Joods Historisch Museum d’Amsterdam, l’exposition repose sur une idée originale d'Anne Hélène Hoog. Bruno Benvindo, historien et directeur des expositions du Musée juif de Belgique a travaillé pour cette occasion avec Karim Tall, curateur d’expositions et spécialiste de bandes dessinées.

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