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Jusqu'au 15 octobre 2023, à l’initiative du groupe Uhoda, qui
a réalisé ce projet, la gare de Liège-Guillemins est le support d’un
grand chantier artistique : une œuvre monumentale et temporaire de
Daniel Buren, l’un des artistes français les plus reconnus sur la scène
internationale.
Conçue en rapport avec l’architecture de Santiago Calatrava, l’œuvre, intitulée « Comme tombées du ciel, les couleurs in situ et en mouvement », se déploie sur l’ensemble des verrières de la gare, à travers un jeu de couleurs. Ce projet artistique monumental sera sans cesse mouvant selon la lumière du jour, les heures et les saisons.
"Je
suis un partisan du décloisonnement de l’art contemporain. Une de mes
motivations premières avec ce projet était de rendre visible au plus
grand nombre une œuvre d’un artiste internationalement reconnu au
travers d’un lieu populaire et de mettre en avant notre ville sur la
scène culturelle internationale." Stéphan Uhoda
La proposition artistique
« Comme tombées du ciel, les couleurs in situ
et en mouvement » s’appuie sur la voûte principale et les deux
casquettes latérales de la gare. Daniel Buren est parti d’une analyse
très précise de l’existant, en insistant seulement sur les données du
lieu à partir d’un jeu très minimal, et en propose une transformation.
Il aime voir son travail comme un « emprunt du paysage », tiré de l’expression japonaise « Shakkei ». Pour un laps de temps défini, le travail de l’artiste et celui de l’architecte forment un tout. Empruntant ce sur quoi et avec quoi l’œuvre existe.
L’œuvre recouvre en partie le toit de la gare de filtres auto-adhésifs colorés et transparents. Au total, sept couleurs ont été sélectionnées pour recouvrir 10.000 m2 de la toiture de l’édifice.
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À l’exception du rouge et jaune des casquettes, que l’artiste a voulu référer en clin d’œil au drapeau de la Province de Liège, le choix et l’articulation des couleurs ne découlent pas d’une demande spécifique ou d’une préférence esthétique de l’artiste. Elle est tributaire de la palette de couleurs disponible pour le matériel utilisé et d’un principe récurent dans son travail à savoir, positionner les couleurs de gauche à droite selon l’ordre alphabétique de celles-ci dans la langue du pays où son travail a lieu.
« Du début à la fin d’une grande succession de blocs colorés, des lignes parallèles sont laissées vides pour laisser apparaître la couleur du ciel et ajouter aux couleurs de ce travail toutes les couleurs naturelles. » Daniel Buren
La disposition des couleurs en damier permet aux visiteurs de contempler de manière concomitante l’évolution du ciel et celle des projections de couleurs. Leurs permettant de découvrir et comprendre le rapport entre la lumière et la projection colorée. Une immersion totale dans la couleur (sans laisser de carreau vide), perdrait selon l’artiste, le sens de son travail.
L’horizontalité
de la structure rend la projection colorée d’autant plus visible. Au
contraire des vitraux dans les églises qui, du fait de leur verticalité,
n’engendrent que des projections minimes sur le sol.
En résulte un jeu de contrastes forts à la fois mobile grâce aux projections et reflets toujours changeants, et stable par l’effet des auto-adhésifs sur le toit.
« Les jours de soleil, on verra des taches de couleur sur le sol, très loin de soi et très proche de soi, selon où on se trouve dans la gare. Et ça devrait faire lever la tête de ceux qui s’aperçoivent qu’il y a de la couleur sous leurs pieds. À ce moment-là, ils verront ce qui a été fait. En deux temps. » Daniel Buren
Volontairement étalée sur une année, l’œuvre sera sans cesse mouvante, rythmée par les quatre saisons. Transformant ainsi de manière radicale le bâtiment et permettant un renouvèlement du regard sur l’architecture tout en impulsant une nouvelle approche.
Une œuvre à 80% financée par le privé
Le
budget de réalisation de l’œuvre hors avant-projet avoisinera les
600.000 € ; le risque financier est entièrement supporté par le groupe
Uhoda. Ce dernier noue des partenariats avec des acteurs privés afin de
couvrir l’ensemble du budget de l’opération.
Le budget alloué par le secteur public via la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ville de Liège et la Province de de Liège, couvre une faible part du montant total, à savoir moins de 20%. Le secteur public a soutenu l’étude préparatoire visant à concevoir l’avant-projet de l’œuvre et à vérifier la faisabilité technique et juridique.
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