c-sanjiro minamikawa -c-simenon-tm-collection fonds georges simenon uliege
| ||
c-sanjiro minamikawa -c-simenon-tm-collection fonds georges simenon uliege
| ||
Chronique 07 « Plaisir CD » du 20 novembre 2022 sur Radio 4910
Cette nouvelle chronique sera 100% liégeoise de la musique, aux musiciens et aux compositeurs avec deux albums dans des styles diamétralement opposés !
Ouvrons la avec du jazz et un album jouissif : « In a little provincial town », le dernier cd en date du superbe trompettiste Marc Frankinet.
En quartet avec les non moins superbes Jacques Pirotton (guitare), Benoit Vanderstraen (basse) et Antoine Cirri (batterie), Marc Frankinet s’est plongé dans un hommage à dix compositeurs liégeois de l’après-guerre. Qu’ils soient liégeois de naissance ou d’adoption. Et non des moindres puisqu’au fil des plages, nous retrouvons Jeanne, Thomas, Jaspar, Ghazarian, Flechet, Pelzer ou encore Bedeur et List.
Dès les premières notes, nous entrons dans un réel bonheur d’écoute avec des musiciens en très grande forme, des sons chauds, des ambiances colorées. Les échanges entre les instruments, particulièrement entre la guitare de Jacques Pirotton et la trompette de Marc Frankinet, sont exaltants. C’est du jazz de haut niveau qui nous est offert et leur interprétation, pleine de lyrisme et de dynamisme, rend un hommage fort à ces compositeurs qui ont marqué l’histoire musicale de Liège et bien au-delà… Un CD de référence pour les amateurs de jazz mais aussi pour les jeunes guitaristes et trompettistes. Ils trouveront ici des moments musicaux qui vont les marquer et certainement une motivation encore plus forte à travailler leur instrument.
Vivement un second opus de cet hommage avec du Cabay, du Zurstrassen, du Vaiana… Il y a encore des partitions de Liégeois à remettre dans les oreilles des amateurs de jazz.
Ecoutons un morceau de Bobby Jaspar « Memory of dick »
Avec le disque suivant, nous changeons radicalement de style mais nous restons à Liège, démontrant la richesse et la diversité musicale que nous rencontrons en terre mosane.
Nous voici, avec « Ghost Travellers » du groupe Ottus, écrit avec deux TT et donc à ne pas confondre avec le nom savant du hibou. Nous pénétrons dans l’univers du pop-folk, du folk-rock, voire plus encore tant les instruments acoustiques de l’ensemble de Loic Holzemer nous entraînent dans de multiples ambiances et styles.
Nous sommes bien dans une mouvance néo-folk avec des instants souvent intimistes et mélancoliques mais baignée d’une musique assez contrastée. Parfois colorée de country, de musiques des balkans… Les influences sont diverses et multiples. Dans certains aspects, on songe au folk rock de la fin des années ’60, début ’70… A d’autres moments, à un rock plus crasseux et actuels… Ca balance entre différents styles mais c’est bien le pop folk qui domine par l’importance donnée aux instruments acoustiques comme la guitare, la mandoline, l’accordéon, le banjo mais aussi certaines harmonies vocales. Ottus a conçu cet album comme une aventure romancée, un récit d’aventures où chaque rencontre est prétexte à une chanson. Nous accompagnons un fantôme en voyage, en quête initiatique. Et un voyage n’étant pas toujours un long fleuve tranquille, il est normal de passer par différents états, d’être bousculé ou enchanté…
Je terminerai en mettant en lumière le livret qui accompagne le disque. Loïc Holzemer a illustré de quelques planches BD chaque chanson. De quoi aider à entrer un peu plus dans l’univers d’Ottus et de son fantôme voyageur.
Nous écoutons ce groupe liégeois dans un extrait qui démontre la diversité musicale qu’offre Ottus : « The wave stride »
Du plaisir en CD profitez-en bien !
Chronique 06 « Plaisir CD »
du 6 novembre 2022 sur Radio 4910
Lors de ma première chronique, j’avais évoqué un disque enregistré par huit violoncellistes : « O Celli ». Aujourd’hui, j’ouvre cette sixième chronique avec un CD tout aussi hors du commun : « Polaris », enregistré par un ensemble de sept saxophones appelé « 7à8 », le 8e musicien étant le brillant arrangeur des musiques enregistrées.
Dans le paysage musical belge, « 7à8 » occupe une place unique. Créé par d’anciens étudiants du Conservatoire de Mons, l’ensemble a déjà douze ans d’âge. Cette formation est peu banale et a eu la volonté de s’approprier la musique symphonique à travers la famille des saxophones : soprano, alto, ténor et baryton. Exit donc violons et flûtes, trompettes et hautbois… La musique vivra aux timbres du son cuivré et malgré tout chaleureux du sax ! Parfois, comme c’est le cas, dans ce cas, accompagné d’un clavecin et de percussions.
Dès les premières notes du CD, notre oreille a été conquise. « Polaris » est une entreprise musicale très originale et efficace tant les arrangements signés Thomas Pechot sont soignés. L’orchestre de saxophones sonne comme un orchestre symphonique. C’est à s’y méprendre et quelle vigueur se dégage dans l’interprétation d’œuvres de Roman, Grieg, Nielsen et Sibelius.
Pas d’œuvre originale dans ce CD mais un magnifique voyage musical vers l’Europe du Nord. C’est un disque enthousiaste et enthousiasmant à recommander. Il s’en dégage une grande énergie, de magnifiques couleurs orchestrales et de savoureux instants de poésie dans les passages où la finesse de jeu est de rigueur.
Enregistré en juin 2021 au Concert Hall de Namur, ce disque est sorti ce 5 novembre. Malheureusement, il n’y a pas encore de concert prévu dans notre région. Pour écouter « 7à8 » en live, il faudra se rendre à Tournai le 11 décembre prochain.
Nous allons écouter ce superbe ensemble dans un extrait de la suite Peer Gynt de Grieg.
Effectuons maintenant un détour par le cinéma avec la sortie dans les jours à venir d’un film réalisé par Clovis Cornillac : « Couleurs de l’incendie », adapté d’un roman du superbe écrivain Pierre Lemaître. On y retrouve dans la distribution Léa Drucker, Benoit Peolvoorde, Olivier Gourmet, Alice Isaaz… Mais diable que vient faire le cinéma dans cette chronique dédiée au CD ? La sortie du film coïncide avec la sortie d’un CD qui reprend la bande originale de « Couleurs de l’incendie ». Elle est signée en grande partie par Guillaume Roussel. Ce jeune compositeur français est connu pour être l’auteur des musiques de films tels « Les Seigneurs », « La French », « Bac Nord » (qui lui vaudra d’être nommé aux Césars), « C’est magnifique » ou encore « Novembre »…
Je vous invite à découvrir ces plages musicales très inspirées ainsi que d’autres écrites par Verdi, Saint-Saens, Bizet ou encore extraites du répertoire français comme « Plaisir d’amour ». Ce CD est aussi l’occasion d’entendre la cantatrice française, Sandrine Piau, qui prête sa voix, dans le film à l’actrice Fanny Ardant qui joue dans « Couleurs de l’incendie » une cantatrice héroïque.
Je vous propose d’écouter un extrait de « Va Pensiero » de Verdi
Nous venons d’écouter Sandrine Piau… Mais elle est doublement dans l’actualité discographique. Par « Couleurs de l’incendie » et les quelques pages qu’elle y interprète mais aussi par un CD qu’elle sort en duo avec une autre soprano : Véronique Gens, elle-aussi, comme Sandrine Piau, révélée par la scène baroque. Toutes deux bénéficient d’une solide réputation internationale et tiennent une place de choix dans le monde lyrique.
Les voici partenaires dans « Rivales », titre d’un CD enregistré avec l’ensemble « Le concert de la Loge », dirigé par le violoniste Julien Chauvin.
Avec brio, ces deux grandes dames du chant français interprètent des airs et duos d’opéras et d’opéras comiques français, à tour de rôle ou en duo. On va ainsi entendre du Gluck, du Grétry, du Chérubini, du Sacchini…
Amies depuis leurs débuts avec William Christie, Sandrine Piau et Véronique Gens s’offrent ici le plaisir de vraies retrouvailles. Mais alors pourquoi « Rivales » est-il le titre donné à ce CD ? « Rivales » parce qu’il rend hommage à deux grandes figures de l’art lyrique français des 18e et 19e siècles : Mme Dugazon et Mme St Huberty. Sous le règne de Louis XVI, toutes deux triomphaient et étaient reines dans leur théâtre respectif. Elles ont inspiré quelques compositeurs et librettistes et ainsi marqué leur temps.
Nous voici entre classicisme et pré-romantisme, entre tendresse, sensibilité, tragédie, pathétique et légèreté. Deux grandes artistes ainsi qu’un excellent ensemble à découvrir dans ce CD !
Nous les retrouvons en duo dans cet extrait de « La Clémence de Scipion » de Johann Christian Bach
Je vais terminer cette chronique avec une musicienne verviétoise, que le public a pu entendre samedi dernier sur la scène de l’Automne musical de Spa dans l’ensemble Scherzi Musicali : Isaline Leloup. D’aucuns l’auront remarquée car elle tenait entre ses mains ce qui aurait pu être une contrebasse mais qui n’en était pas une : une contrebasse viennoise. Un instrument méconnu né à Vienne au milieu du 18e siècle et bien différent de notre basse moderne. Il tiendrait certains de ses éléments de la viole de gambe et du violone. Son accord est aussi différent. Isaline Leloup se passionne pour cet instrument et lui rend hommage à travers un CD qui est sorti récemment : « A Viennese Afternoon ». En quatuor, elle nous emmène en voyage dans le 18e siècle viennois, de manière enlevée et dynamique. Un vrai plaisir d’écouter ce quatuor enthousiaste et passionné et surtout de découvrir, par le disque, la contrebasse viennoise, instrument grave aux belles couleurs veloutées et chaleureuses.
Cet extrait d’une œuvre de Von Dittersdorf devait vous convaincre...
Du plaisir en CD, profitez-en bien !