Jusqu'au 21 février, le photographe et vidéaste Assaf
Shoshan est mis à l’honneur au Musée Juif de Belgique. Création
originale, cette exposition constitue la première rétrospective consacrée au travail de cet artiste qui vit et travaille entre Paris et Tel Aviv. Entre réalité et fiction, son œuvre est empreinte d’une portée poétique, sensible et engagée
Coup de cœur de l’équipe du musée, le travail d’Assaf
Shoshan fait enfin l’objet d’une rétrospective muséale. Suite à la crise
mondiale que nous traversons, il semblait important au Musée Juif de
Belgique de s’ancrer dans le présent et de montrer le travail d’un artiste vivant pour ouvrir sa saison.
« J’ai grandi dans un village du Sinaï qui n’existe plus. Dans mon travail, j’essaie de questionner l’étrange situation politique et la vie quotidienne des habitants d’une société au bord du gouffre » déclare Assaf Shoshan.
Depuis une vingtaine d’année, entre le Moyen-Orient et l’Europe, avec l’Afrique en toile de fond, Shoshan sonde inlassablement le monde, à travers les notions de territoire, d’identité et d’appartenance. Habitée par le thème du déracinement, son œuvre porte un regard subtil et délicat sur une humanité en errance.
"Son regard de photographe, distancé et empathique, se tourne vers les
exilés d’aujourd’hui : personnalités marginales, populations victimes
d’exclusion, migrants et sans papiers. En mettant en perspective
l’exclusion des expatriés africains en Europe ou en Israël, l’artiste
évoque en filigrane l’histoire du peuple juif, traversé par l’exode et
les questions de l’abandon et de l’acceptation. Mais son obsession pour
le thème de l’exil rejoint aussi sa propre histoire : appartenant à la
troisième génération de réfugiés juifs installés en Israël, ayant fait
le choix d’aller vivre dans un pays étranger, Shoshan est intimement
travaillé par la question de l’attachement à un lieu.
AA,
2007 © Assaf
Shoshan
À la fois historique et autobiographique, son travail questionne une dimension humaine fondamentale : la quête d’identité, le sentiment de l’exil et de l’appartenance.
Jouant sur la perspective et les points de vue, Shoshan interroge le
regard que l’on pose sur les choses et les gens. Son œuvre, dont la
dimension philosophique et la cohérence esthétique sont extrêmement
fortes, pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Que ce
soit dans ses paysages monumentaux ou ses portraits intimes, chaque
image interroge les notions de représentation et du visible." commentent les organisateurs.
Né en 1973 à Jérusalem, Assaf Shoshan étudie la philosophie avant de s’inscrire à l’École des Beaux-Arts Bezalel, où il s’intéresse principalement à la photographie.
La prise de vue instantanée le fascine : c’est pour lui une manière
d’intervenir dans le réel et d’y poser un regard critique qui puisse lui
donner sens. Photographe et vidéaste, Shoshan s’est établi depuis
longtemps à Paris mais garde un ancrage à Tel Aviv : en parallèle à son
travail sur les demandeurs d’asile africains qui arrivent au cœur de
l’Europe, cette distance lui permet de poser un regard neuf sur son pays
et de réexaminer sa propre histoire. Ses œuvres ont été exposées en
France (Centre Pompidou, 2016), en Italie (résidence à la Villa Médicis
2014) et en Israël (Dana Gallery, 2012).
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