Sculptures africaines et objets traditionnels de l'ancien Congo belge
Après sa présentation au Musée M à Leuven, l’exposition Mayombe rejoint Louvain-la-Neuve avec un format adapté aux espaces du musée. Cette exposition présente, jusqu'au 3 juillet, plusieurs oeuvres majeures tirées des collections exceptionnelles de sculptures africaines et d’objets traditionnels de l'ancien Congo belge, détenues par l'Université Catholique de Louvain (UCL) et la K.U.Leuven. Elle est complétée par quelques pièces d’exception issues du Musée royal de l’Afrique centrale.
Ces objets provenant du Mayombe, une région du Bas-Congo située à l'embouchure du fleuve Congo, ont été rassemblés, il y a cent ans, par des missionnaires de Scheut. Après leur partage lors de la scission de l’Université de Louvain dans les années 1960, ces collections remarquables sont à nouveau réunies. L'exposition aborde les oeuvres sous une perspective esthétique, qu'elle étaye aussi de données historiques et anthropologiques concernant leur provenance, leur fonction, leur contexte de création et leur signification.
Au fil du parcours de l’exposition , les statuettes à pouvoir servant à invoquer l'aide des esprits, les objets utilisés lors de rituels d'initiation, les statuettes mère-enfant et les sculptures funéraires offrent au visiteur un regard privilégié sur la culture Yombe vers 1910.
Les impressionnantes statues à pouvoirs anthropomorphes, appelées couramment fétiches, sont désignées, en Kiyombe (langue du Mayombe) par les mots nkisi ou minkisi (plur.). Ces mots font référence à la fois aux sculptures elles-mêmes et aux esprits qu'elles abritent. Il peut s'agir d'ancêtres qui reviennent dans le monde des vivants, mais aussi d'esprits agressifs qui peuplent l’univers. Les statues sont souvent couvertes de clous, de pointes, de lames et d’éclats de métal. À l'intérieur des sculptures et sur leur surface était appliquée une charge magique ou bilongo qui imprègne l'objet de sa puissance. Si les réceptacles du bilongo ont parfois une apparence humaine ou animale, ce sont le plus souvent des récipients : sacs, paniers, calebasses, bouteilles, boîtes ou coquilles. Bien qu’ils aient été produits en grand nombre, les minkisi n’ayant pas une forme humaine étaient moins collectionnés par les occidentaux qui leur accordaient moins de valeur esthétique. Or l'exposition illustre clairement la grande variété formelle de ces objets à pouvoirs.
L’exposition Mayombe explique comment les Yombe invoquaient les minkisi pour obtenir leur protection, une guérison, la richesse, la puissance ou pour se venger d'un ennemi. Les minkisi étaient le fruit de la collaboration entre un sculpteur et un nganga, un expert rituel. Ce dernier achetait ses objets au sculpteur, puis les « activait » en y ajoutant toute sorte d’éléments, métalliques ou autres, en faisant exploser de la poudre, en enduisant les fétiches de terre blanche ou en les arrosant d'alcool.
Plusieurs objets évoquent aussi l'initiation des garçons (khimba) et des filles (khumbi), leur préparation à la vie adulte et au mariage. L'exposition s'intéresse également au lemba, une confrérie à l'autorité considérable, dont seuls pouvaient faire partie les chefs fortunés et les marchands aisés. De grandes statues polychromes qui ornaient les tombes des ancêtres évoquent le village des morts.
L’exposition Mayombe. Congo/Leuven/Louvain-la-Neuve présente une collection qui appartient en grande partie au patrimoine universitaire. Elle est conservée principalement dans les réserves des universités à Leuven et Louvain-la-Neuve. Elle résulte de la collaboration entre l'Université Catholique de Louvain (UCL), la Katholieke Universiteit Leuven (K.U.Leuven), le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) et M, le musée de Leuven.
Infos : 010 47 48 41
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