Plaisir CD – Radio 4910
Chronique 04 « Plaisir CD » Jazz01 du 25 septembre 2022 sur Radio 4910
Le Jazz s’invite, désormais, dans notre chronique « Plaisir CD ». Celle de ce dimanche matin va lui être totalement consacrée avec trois artistes évoluant dans des styles différents. Avec comme point commun, la guitare…
A tout seigneur, tout honneur… Ouvrons la chronique avec l’un des guitaristes parmi les plus fabuleux et talentueux de la sphère jazz au niveau international : le Belge Philip Catherine.
A quelques jours de ses 80 ans, sort un album « live » simplement intitulé « 75 ». 75 parce qu’enregistré à Flagey, en novembre 2017 pour célébrer le 75e anniversaire de ce vrai maestro du jazz et de la guitare.
A cette occasion, Philip Catherine a eu « carte blanche » et a installé sur la scène de Flagey, une formation étonnante avec deux pianos et deux batteries. A ses côtés, des vieux amis tels Bert Joris (trompette), Gerry Brown (batterie), Nicolas Fizman (guitare), Bert van den Brick (piano), Philippe Aerts (contrebasse) mais aussi la jeune génération avec Antoine Pierre (batterie), Nicola Andrioli (piano). La fille de Philip Catherine, Isabelle (chant), est également présente.
En ressort un disque au programme des plus variés, mêlant anciens et nouveaux morceaux, au dynamisme et aux envolées musicales qui font oublier que différentes générations sont réunies sur la même scène. « 75 » est un cd à la musique intemporelle qui célèbre tant un guitariste généreux, au jeu attachant et touchant que des musiciens authentiques et à l’immense talent. « 75 » célèbre aussi un groupe fantastique qui nous offre de splendides dialogues musicaux.
Ecoutons un extrait de « You don’t know what love is » avec Isabelle Catherine au chant.
Avec l’album suivant, intitulé « Lightmares » (cauchemars en français), nous entrons dans l’univers du groupe belge « Harvest Group », dont le leader est le compositeur-guitariste Guillaume Vierset. Il est considéré comme l’un des plus importants de notre époque et participe à des projets qui marquent l’actuel paysage musical belge avec LG Jazz Collective, Sharko, Typh Barrow, Thomas Champagne… Sa musique est nourrie de nombreuses influences et des plus diverses : du rock, du jazz, du contemporain… Elles se retrouvent toutes dans ce disque dont les dix plages ne souffrent d’aucun blanc entre elles, offrant à l’auditeur un confort d’écoute qui le plonge, durant 32 minutes, dans l’univers de Guillaume Vierset. Ainsi, se construit une symphonie où alternent les atmosphères aux arrangements musicaux subtils et travaillés. Je n’ai pas vécu « Lightmares » comme un cauchemar mais comme une histoire captivante avec ses moments de grande poésie, de lyrisme, de colère aussi, de tensions. Les nombreuses écoutes ont été à chaque fois synonyme de voyages à travers des sentiments tantôt positifs tantôt négatifs. Ce n’est pas l’album d’une seule écoute. Il doit se déguster comme un grand mets pour en découvrir toutes les subtilités tant il est dense.
Pour servir cette musique pour le moins originale, Harvest Group est constitué d’un « line up » tout aussi original. Avec la guitare, viennent dialoguer un violoncelle (Marine Horbaczewski), un sax soprano (Mathieu Robert), une contrebasse (Yannick Peeters) et une batterie (Yves Peeters).
En vrai, sur scène, pas trop loin de chez nous, il sera possible de découvrir Harvest Group ce 14 octobre à l’An Vert à Liège.
Je vous propose d’écouter un extrait de Wake up/Sleep
Pour terminer cette chronique, nous plongeons dans une toute autre atmosphère. Celle du jazz manouche avec le guitariste Tchavolo Schmitt, une référence incontournable actuellement du jazz manouche en France.
Virtuose de son instrument, Tchavolo séduit par son jeu fluide, son sens de la mélodie et le swing incroyable qu’il développe avec son ensemble formé de deux guitares et d’une contrebasse. Au fil des plages, viennent s’associer des violons, un piano, une clarinette… L’album, enregistré en une seule journée entre deux dates de concert, dégage une énergie incroyable et un lyrisme époustouflant sur une rythmique des plus vivantes. C’est du direct et l’enregistrement le fait superbement ressentir, jusqu’aux positionnements des doigts sur la guitare.
A l’écoute de « Miri Chterna », le titre de l’album qui signifie « Mon étoile », c’est toute une atmosphère et une époque qui resurgissent… Avec sa touche personnelle, Tchavolo nous rappelle, que 70 ans après la disparition de Django Reinhardt, le jazz manouche est toujours vivant, la guitare toujours prête à swinger et les musiciens à jouer comme s’ils devaient mourir demain.
Du plaisir en CD profitez-en bien !
Voici pour clôturer Tchavolo et ses amis dans « Coucou »